Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, la jeune formation politique ‘Nouvelle Donne’ a annoncé hier sa volonté de mettre en place une forme de revenu de base dans une monnaie complémentaire nationale : l’euro-franc.

Le récent parti politique Nouvelle Donne, initié par Pierre Larrouturou et le Collectif Roosevelt, vient de faire un pas discret vers le revenu de base en avançant, dans son programme mis en ligne hier, une idée reprise de l’économiste Yoland Bresson consistant à verser un revenu d’existence en euro-francs.

Vous avez dit “euro-francs” ? L’idée est à la fois originale et radicale. Partant du constat que “l’économie réelle manque de monnaie, comme le corps peut manquer d’oxygène”, et que les statuts actuels de la Banque Centrale Européenne (BCE) empêchent toute relance monétaire digne de ce nom, Nouvelle Donne propose de contourner cet obstacle en demandant à la Banque de France de réintroduire une monnaie nationale, sans pour autant sortir de l’euro.

Ce qui importe surtout, c’est que cette monnaie serait injectée directement dans l’économie réelle, par le versement mensuel de 150 euro-francs sur le compte bancaire de chaque citoyen. Autrement dit, par une forme de revenu de base inconditionnel par création monétaire tel que le proposent d’autres économistes, mais limité aux citoyens de plus de 20 ans.

Ce sera une monnaie à parité fixe : 1 euro-franc = 1 euro. Elle sera inconvertible, inutilisable pour l’achat d’actifs financiers et de biens immobiliers” précise le parti politique, qui estime que cette proposition est juridiquement possible. En d’autres termes, cette monnaie ayant cours légal, chacun pourrait l’utiliser pour consommer dans les magasins en France, mais aussi pour payer son loyer ou ses impôts. En revanche, impossible d’investir dans la finance ou l’immobilier avec ses euro-francs, ni encore d’aller les dépenser à l’étranger. Nouvelle Donne argumente :

Des milliers d’entreprises et de citoyens utilisent déjà avec succès des monnaies complémentaires au niveau local. L’euro-franc sera une monnaie locale « nationale » et « supplémentaire » qui, sans porter préjudice à nos partenaires, pourra soulager directement les Français, avec un vrai potentiel de relance sur l’activité économique réelle.

Autre avantage évident de cette proposition : elle réduirait l’extrême pauvreté. En effet, malgré son faible montant, ce revenu de base versé en euro-francs n’impliquerait aucune diminution des prestations sociales existantes, du moins à court terme. Il serait donc tout à fait possible de cumuler ce revenu de base en euro-francs avec le RSA, des allocations chômages, ou autres dispositifs de solidarité.

Quel seraient les conséquences d’une telle stratégie au niveau européen ? Nouvelle Donne n’exclut pas que cette solution fasse tâche d’huile : des pays comme l’Espagne ou la Grèce auraient tout aussi intérêt à compenser les contraintes actuelles du système monétaire européen en instaurant une monnaie nationale.

Reste un bémol majeur : lorsque la zone euro sera stabilisée, Nouvelle Donne prévoit que de telles monnaies complémentaires seraient amenées à disparaître. En sera-t-il de même pour le revenu de base ?